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La rééducation après un traitement ostéopathique


Après une séance d’ostéopathie et le temps de repos imposé, il y a une étape à ne surtout pas négliger: La rééducation ! Souvent négligée, elle est pourtant une condition essentielle au bon rétablissement du cheval.

La rééducation est à la fois physique et psychique. En effet, lors de restriction de mobilité d’une ou plusieurs articulations du corps, le cheval adopte une locomotion dite "de compensation" afin de pouvoir continuer à se déplacer, et de pallier à la douleur. Le cheval fonctionne alors dans un schéma corporel erroné, sollicitant ses muscles de manière inadaptée et entretenant la mémoire de la douleur dans la réalisation de certains mouvements.

Après le passage de l’ostéopathe, le but de la rééducation est donc double:

  • intérêt physique: aider le cheval à se sentir bien dans son nouveau schéma corporel, lui réapprendre à faire fonctionner correctement les segments ostéo-articulaires et musculaires qui étaient en lésion, l’aider à éliminer les contractures musculaires, de permettre aux muscles de retrouver toute leur souplesse

  • intérêt psychique: faire passer la mémoire de la douleur dans certains mouvements, lui montrer qu’à présent il peut réaliser ces mouvements sans ressentir de douleur

Ce travail peut être plus ou moins long selon le mental du cheval et la complexité des lésions ostéopathiques. Mais c’est ainsi que le cheval retrouvera une locomotion harmonieuse de la base de la queue à la pointe des oreilles !

Si la rééducation est bâclée par le cavalier, la séance n’aura pas toute son efficacité et le cheval risque de retomber dans ses mauvaises habitudes de locomotion.

Je vous propose donc des exercices adaptés pour remettre votre cheval au travail en fonction des zones qui se trouvaient en restriction de mobilité:

ATM et région cervicale haute (atlas/axis/C3):

Les signes d’alerte les plus courants sont:

  • le cheval fuit le contact avec le mors

  • mauvaise déglutition du mors

  • difficulté dans l’incurvation de la tête / encolure, il se traverse

  • refus de prendre le mors

  • difficulté de mastication

  • comportement parfois agressif

L’origine peut être un blocage ostéopathique dans la région, soit traumatique (ex: cheval qui tire au renard), soit de compensation dû à un blocage primaire dans une autre région du corps. Les lésions au niveau de la nuque et des ATM peuvent être dûes à une action de main ou un mors inadapté, ou encore des problèmes dentaires !

Rééducation:

Il faudra donc vérifier le mors et voir le dentiste si cela fait plus d’un an qu’il n’est pas intervenu. Ensuite il faudra mobiliser la partie haute de l’encolure grâce à des assouplissements: flexion haute et basse, des extensions, le travail peut être fait à cheval et à pied.

Région cervicale basse

Les signes qui doivent alerter le cavalier sont:

  • difficulté dans l’incurvation de l’encolure

  • allures raccourcies des antérieurs

  • mouvements perturbés des épaule

Avec de tels symptômes on retrouve dans une grande majorité de cas des blocages ostéopathiques profonds impliquant la jonction cervico-thoracique et la 1ere côte.

L’origine peut être traumatique, mauvaise réception à l’obstacle, chute... Cela peut également venir du sanglage de la selle, trop important ou trop en avant. Un mauvais positionnement de l’appareil tête / encolure lors du travail peut également amener à ce type de lésion. Dans quelques rarse cas cela peut être dû à une insuffisance respiratoire type emphysème, bronchite...

Rééducation:

Il faut avant tout vérifier la selle et la sangle, et contacter le vétérinaire si l’origine est respiratoire.

Face à cette catégorie de lésion une rééducation précise semble indispensable pour sortir le cheval de son schéma douloureux; le cheval gardant la mémoire de la douleur et l’anticipant, aura tendance à retomber dans son schéma corporel d’évitement:

  • l’extension d’encolure: elle va permettre à l’encolure de retrouver sa longueur et ouvrir l’angle articulaire entre la dernière cervicale et la première thoracique.

  • la locomotion des antérieurs: la cadence est un élément essentiel dans ce travail. Au début on tolèrera un équilibre horizontal, à condition que la cadence soit régulière, le but de l’exercice étant d’obtenir progressivement plus d’amplitude dans les antérieurs tout en gardant la même cadence.

  • un travail progressif: ces exercices seront dans un premier temps réalisés sur des lignes droites, puis des courbes (cercles, serpentines, huit de chiffre...) avec un contre pli, pour induire un déséquilibre qui contraint ainsi l’épaule extérieure à une adduction plus importante. Enfin on pourra faire un travail sur deux pistes (épaule en dedans, contre épaule en dedans ...)

Région du garrot

les maux au niveau du garrot sont extrêmement répandus chez les chevaux. Le garrot est un lieu de transmission de l’impulsion venant des postérieurs, par l’intermédiaire du dos, et jusqu’à la nuque !

Les cavaliers ont rarement conscience de la souffrance de leur cheval dans cette région car les symptômes sont communs et peu identifiés, ces chevaux sont souvent qualifiés de «difficiles». Les signes fréquents sont:

  • raideur, cheval figé dans le dos

  • cheval pesant à la main

  • trébuche fréquemment

  • cheval qui charge à l’obstacle

  • amyotrophie locale

Ces blocages peuvent avoir une origine traumatique, dûs à une selle inadaptée ou un choc. Ces lésion peuvent également venir de compensations diverses:

  • forte sollicitation de la zone à cause d’un cavalier qui n’est pas à sa place

  • blocage ostéopathique primaire en région lombo-sacré, avec un engagement insuffisant des postérieurs, ou au niveau des épaules avec un mouvement limité des antérieurs

  • dissymétrie entre les sabots antérieurs, souvent minime elle n’engendre pas de boiterie mais peut être à l’origine de difficultés au niveau des épaules et du garrot surtout dans le travail sur deux pistes

  • non respect de la croissance: Le cheval est mis trop jeune au travail et le temps indispensable aux modifications structurelles du garrot n’a pas été respecté.

  • le cheval qui débute dans le rassemblé: exercice qui peut se révéler compliqué si le cheval n’est pas musculairement prêt, provoquant des courbatures dans la zone du garrot.

Rééducation:

Si le problème vient de la selle il faudra bien entendu la changer afin d’en trouver une mieux adaptée. Le maréchal devra également être contacté si l’on constate un problème venant des pieds. Si le blocage est dû à la croissance, il faudra ralentir le travail voire mettre le cheval au repos et attendre qu’il sorte complètement son garrot.

Dans les autres cas:

  • extension de la tête et de l’encolure: le plus bas possible, pour permettre de décoincer les espaces inter-vertébraux du garrot

  • les transitions: dans cette même attitude étendue, les transitions d’allures vont favoriser le relâchement des muscles de la solidarisation des antérieurs au tronc (trapèze, rhomboïde, pectoraux...) souvent contracturés et douloureux.

  • On pourra réaliser ce travail sur différentes courbes et deux pistes.

  • le saut de puce: exercice intéressant car le cheval est contraint de monter son garrot à l’abord du premier obstacle afin d’être en équilibre au moment de la réception et enchaîner. On commencera par deux petits oxers espacés de 3m puis 2,80m , et on pourra progressivement augmenter la hauteur de l’oxer de sortie.

La rééducation de cette région englobe, assouplissement de l’encolure, élévation du garrot et du dos.

Ligament nuchal Muscle grand psoas

Muscles cervicaux dorsaux Muscle iliaque

Masse commune (m. erector-spinae) Muscles de la paroi de l'abdomen

Ligament supra-épineux

La mise sous tension du ligament supra-épineux limite la flexion thoraco-lombaire et accroît le travail des muscles abdominaux pour assurer l'engagement.

L'abaissement de l'encolure provoque une traction vers l'avant des processus épineux du garrot qui induit une flexion thoracique.

Région thoraco-lombaire

Cette zone est souvent atteinte car la quasi-totalité des blocages de l’ensemble du corps se répercute dans le dos, celui-ci absorbe les contraintes afin de toujours permettre le mouvement.

Les signes d’alerte sont:

  • une locomotion non naturelle, avec un dos rigide

  • instabilité dans l’extension d’encolure

  • irrégularité des allures

  • refuse le reculé

  • dissymétrie dans le travail des courbes: le cheval tourne mieux d’un côté que de l’autre

  • les mouvements type changement de pied, reculer ou travail de deux pistes, sont difficiles

  • le cheval ne saute pas droit, il se déporte sur la droite ou la gauche pendant le saut

Les origines sont dûes à:

  • un mauvais positionnement de l’encolure: trop haute par rapport au rassemblé ou trop basse, le cheval n’est pas en équilibre, le dos est contraint et le cheval lourd sur la main.

  • une insuffisance de l’arrière main: le dos ne participe pas à l’engagement, mauvaise bascule du bassin

  • insuffisance de la montée du garrot ou du dos (déficit musculaire, lésion au niveau de la jonction lombo-sacrée) au travail

Rééducation:

La rééducation a pour but une réharmonisation globale de la locomotion:

  • position optimale de l’encolure et du bassin

  • redonner une mobilité harmonieuse au segment dorso-lombaire

  • rendre à l’arrière main une poussée symétrique, grâce à une bonne cadence et une attitude d’élongation (attitude détendue sans pour autant être trop basse) et un faible rassemblé

  • rétablir la symétrie dans les courbes: avec un travail sur deux pistes en particulier l’épaule en dedans visant également à l’engagement du postérieur en difficulté

  • faire des transitions rapprochées, dans l’allure (trot allongé - trot de travail ) en dehors de l’allure (trot - pas - arrêt) jusqu’au reculé. Ce dernier favorisant le travail des ilio-psoas, principaux acteurs de la flexion du dos et de l’engagement des postérieurs

Muscle omo-transversaire

Muscle brachio-céphalique Muscle ilio-psoas

Muscle pectoral déscendant

Le muscle ilio-psoas est en contraction concentrique maximale: il a initié le mouvement et a provoqué la flexion lombo-sacrale. Son action est relayée par les muscles de l'avant main, qui vont tirer l'encolure vers l'arrière.

Région lombo-sacrée et sacro-iliaque

Les signes visibles:

  • le cheval se tient campé à l’arrêt

  • l’engagement des postérieurs est insuffisant voir inexistant ou on contraire trop important amenant le cheval à forger

  • douleur au niveau des ovaires

  • difficulté dans la propulsion

  • engorgement fréquent des postérieurs

  • troubles digestifs

  • douleur du nerf sciatique

  • se désuni au galop

  • activité inégale des deux postérieurs

Les origines sont nombreuses:

  • lésion des membres postérieurs: grasset, jarret, mauvais aplombs

  • choc latéral (dans le van, en passant une porte)

  • lésion de l’ilium

  • lésion musculaire en particulier des psoas et des fessiers

Rééducation

La rééducation concernant cette région est indispensable, surtout en cas d’irritation du nerf sciatique. la mémoire de la douleur pouvant être présente jusqu’à 3 semaines après manipulation. La rééducation consiste en:

  • l’extension d’encolure et du dos: pour favoriser l’ouverture de l’articulation entre la dernière lombaire et le sacrum et décoincer le nerf sciatique. Cette attitude empêche l’encolure de jouer son rôle de balancier, c’est donc le dos et les postérieurs qui doivent assurer l'ensemble de la locomotion. En ligne droite puis progressivement sur les courbes.

  • le travail sur deux pistes: afin d’étirer les membre postérieurs

  • la longe: maximum 20min, travail au trot fractionné par des transitions au pas dans une attitude la plus basse possible.

  • les barres au sol à la longe: on peut les introduire une fois que le cheval est à l’aise sur le cercle. On dispose 3 à 4 barres, de préférence en éventail ou sur une ligne droite. Cet exercice va permettre de rétablir la symétrie dans la propulsion.

Pour toute restriction de mobilité au niveau du dos et des postérieurs je préconise au cavalier d’adapter sa détente, en commençant le travail par du pas puis du galop et enfin du trot. On poursuit avec des changements de main de plus en plus rapprochés, des épaules en dedans pour finir par les transitions.

Cette détente peut être appliquée à tous les chevaux en particulier les jeunes, ceux qui souffrent d’arthrose ou ceux qui ont une faiblesse dans le dos ou l’arrière main.

Le travail de rééducation du cheval demande un certain tact de la part du cavalier. Il devra être particulièrement à l’écoute de son cheval en étant très attentif à ses difficultés afin d’augmenter progressivement le travail et revenir à l’étape précédente si nécessaire. Le cheval ne doit pas être brusqué, il faudra parfois un peu de patience...

N’oublions pas les deux objectifs principaux de ce travail:

  • faire fonctionner harmonieusement l’ensemble du corps

  • faire passer la mémoire de la douleur qui peut parfois subsister plusieurs semaines après la manipulation.

J’insiste sur le fait que ce travail doit être réalisé avec sérieux afin de mettre toutes les chances de bon rétablissement de votre compagnon de son côté. Une grande majorité des «échecs» suite à une séance est dûe à une rééducation négligée.

Vous pouvez également optimiser cette période de rééduction grâce, par exemple, à un enveloppement aux algues, qui favorise la détente musculaire et psychique. Cela fera sûrement l’objet d’un prochain article mais en attendant rendez-vous sur mon site internet, rubrique «Algothérapie».

Suivez bien les conseils de votre ostéopathe et n'hésitez pas à le rappeler si vous avez des doutes tout au long de la rééducation.


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